Didier Coquillas-Sistach, docteur en Histoire de l’Université de Bordeaux, paléo-environnementaliste, médiateur scientifique et culturel, Terre & Océan.
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« À l’extrémité du bout de l’île, en franchissant la digue, on entrait dans l’aubarède. Elle bordait la rive de
toute part, territoire amphibie des roseaux frémissants, vase sèche et craquelée jonchée de roseaux
morts, terre instable fixée par les aubiers sauvages. Les pleines mers de vive eau inondaient l’aubarède. Elles y laissaient des bois tordus, des souches érodées, des débris d’épaves, des objets sans nom provenant on ne savait d’où (…). J’errais dans ce désert, cherchant fortune, imaginant des barils à trésors et des bouteilles à secrets. À l’extrémité de l’île, l’aubarède recouvrait un éperon formé de roches
artificielles (qui a été, depuis, longuement prolongé pour les besoins de la navigation). En cheminant sur ces roches, fort glissantes, on accédait à une petite plage de sable brun, nettoyée par les courants. Je n’y rencontrais jamais personne. On n’entendait plus, ici, des vocalises bucoliques mais seulement les appels criards des oiseaux de mer. L’endroit était balayé par les vents marins, fermement attaché à un siècle concret, à une géographie précise, par les navires qui passaient, par l’immobilité des balises et l’ancrage des bouées et surtout par l’horaire indéréglable des marées . » Pierre Siré, Le fleuve impassible , Paris, 1980, p. 84.
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